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La chronique culturelle #5

Ils ont choisi l’école de médiation culturelle ICART pour faire de leur passion un métier. Rencontre avec Manuelle, étudiante en 4e année Ingénierie Culturelle & Management à Paris, qui aime la culture avec un grand C et une préférence affirmée pour le spectacle vivant !

Étudiante en 4e année Ingénierie Culturelle & Management, en majeure Spectacle Vivant, Manuelle revendique une approche passionnée et sensorielle de la culture. Elle aime aller au cinéma, se rendre au musée, voyager, plonger des heures dans les livres… mais ce qui l’anime avant tout, c’est la scène. Le spectacle vivant, parce que c’est là, tout de suite, sous les yeux. L’émotion, l’artiste, les décors, l’ambiance, tout se joue dans l’instant. Elle y retrouve cette intensité particulière qui fait vibrer, rire ou pleurer, et qui donne tout son sens à son parcours à l’ICART.

Comment est née votre passion pour le spectacle vivant ?

Un petit déclic, pour ma part. C'était en 2022, au festival des Nuits de Champagne. J’étais ouvreuse bénévole pour le concert de Youssoupha (Gospel Symphonique Expérience), au Théâtre de Champagne à Troyes. J’ai découvert l’envers du décor, tout l’engouement des équipes pour que tout se passe bien. Quand le spectacle a commencé, j’ai eu un énorme frisson. Peut-être l’effet du gospel, des voix impressionnantes et harmonieuses sur du rap, mais surtout : voir les spectateurs heureux, sourire aux lèvres et applaudir. Je me suis dit qu’un groupe de personnes était capable de divertir un public, et surtout de le rendre heureux le temps d’une soirée. C’est à ce moment précis que j’ai su que je voulais y contribuer. Être actrice (dans l’ombre) de cette grande machine à émotions.

Cette passion s’est renforcée pendant mon échange à Malte. Les étudiants de l’école de médiation culturelle y organisaient un spectacle de A à Z : écriture, danse, décors, costumes, communication, recherche de fonds… Cette année-là, c’était Toy Story. J’étais dans l’équipe communication. Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la qualité de la production. Ce n’était pas un simple spectacle de fin d’année, c’était digne d’une vraie comédie musicale. On passait nos journées à courir dans tous les sens pour remplacer du matériel, et nos nuits à construire les décors. Il y avait une vraie cohésion. C’était très enrichissant.

Quels artistes ou spectacles ont nourri votre regard artistique ?

Plusieurs artistes ont marqué ma façon de regarder et de ressentir le spectacle vivant.

Tigran Mekhitarian en fait partie. Je l’ai découvert avec Dom Juan, puis retrouvé dans Le Malade Imaginaire. Il reprend Molière avec un langage très actuel, très direct. Ce qui m’a marquée, au-delà de la mise en scène, c’était le public : une salle pleine de jeunes, captivés. Ce jour-là, j’ai compris que revisiter les classiques pouvait les rendre vivants, accessibles, sans rien perdre en exigence.

Aila Navidi m’a touchée autrement. Sa pièce 4211 km, sur l’exil de deux Iraniens, parle de mémoire, d’identité, d’héritage. J’y ai vu un théâtre qui raconte ce qu’on n’apprend pas toujours dans les livres, un théâtre qui éclaire les silences. Elle m’a fait comprendre l’importance de porter certaines voix sur scène.

La compagnie La Poursuite du Bleu m’inspire par son engagement artistique et citoyen. Leurs spectacles comme Coupures ou Made In France interrogent l’écologie, la démocratie, l’impact social, en impliquant directement le public. Leur cohérence - billetterie solidaire, décors écoresponsables, actions pédagogiques - montre qu’un spectacle peut être esthétique, politique et concret à la fois.

Ces trois démarches m’ont profondément nourrie. Elles m’ont montré qu’on pouvait faire du théâtre pour tous, qui répare et qui agit en même temps.

Un spectacle qui vous a marquée récemment ?

Deux spectacles très différents m’ont récemment marquée, chacun à leur manière. Le premier, Que d’espoir au Théâtre de l’Atelier, mêlait théâtre et cabaret. Ce qui m’a frappée, ce sont les costumes de Valérie Lesort : décalés, colorés, presque enfantins - ils m’ont fait penser aux Monsieur et Madame Patate. Derrière cette légèreté apparente, la mise en scène déroulait une série de petites histoires drôles, tristes, toujours humaines. C’était à la fois ludique et lucide. J’en suis sortie touchée et amusée.

Le second, Don Juan à l’Opéra Comique, était présenté sous forme de ballet. Aucun mot, et pourtant tout était dit. La scénographie jouait un rôle à part entière, créant les transitions, les ambiances, les émotions. Ce qui m’a marquée, c’est cette capacité à raconter une histoire si riche sans dialogue. Tout passait par les corps, les regards, les déplacements. Un vrai coup de cœur pour la poésie du geste.

Ces deux spectacles n’ont rien à voir, et pourtant ils m’ont rappelé pourquoi j’aime autant le spectacle vivant : parce qu’il surprend, qu’il touche, et qu’il reste en tête longtemps après que le rideau est tombé.
 

Retour sur les Molières 2025, y a-t-il un lauréat qui a retenu votre attention ?

Sans aucun doute : Axel Auriant. Je l’avais d’abord découvert à la télévision dans Skam, puis sur scène dans Numéro Deux, où il interprète Martin Hill. Ce rôle m’a marquée : il y mettait une intensité et une justesse que j’ai adoré. Mais au-delà du comédien, c’est l’artiste que je trouve passionnant. Il défend un théâtre accessible, sincère, et s’implique profondément dans chacun de ses projets. Je suis le genre de personne qui aime suivre et soutenir des artistes investis, passionnés : on sent quand quelque chose est fait avec le cœur, et ça change tout.

Et maintenant qu’il est devenu artiste auxiliaire à la Comédie-Française, je ne peux qu’avoir hâte de découvrir la suite. 

Un événement que vous attendez avec impatience cette saison ?

Le premier, c’est Les Demoiselles de Rochefort au Théâtre du Lido. J’ai toujours été fan de l’univers de Jacques Demy, et des musiques de Michel Legrand. Alors forcément, un spectacle dans un lieu comme le Lido, je ne peux pas passer à côté. J’adore ce que propose ce lieu : une vraie modernité dans le cabaret, une esthétique soignée, une générosité scénique. C’est un rendez-vous que j’attends avec impatience.

Le deuxième, c’est Jean dans la salle. Il y a une vraie curiosité autour de Jean Lassalle. Au-delà de la personnalité politique, il semble dégager une forme de chaleur humaine, une spontanéité. J’ai envie de voir ce que cela donne sur scène. Est-ce qu’il joue ? Est-ce qu’il raconte ? Est-ce qu’il improvise ? Je n’en ai aucune idée, et justement, c’est ce mystère qui me donne envie d’y aller.

Quelles tendances observez-vous dans le spectacle vivant ?

Ce que je remarque d’abord, c’est la multiplication des reprises et prolongations de spectacles. C’est souvent le signe d’un vrai succès, et c’est agréable de voir qu’un bouche-à-oreille peut suffire à faire vivre une pièce bien au-delà de ses premières dates. Après, je ne sais pas si j’ai le droit de le dire… mais je le dis quand même : certaines pièces ont des noms un peu douteux (et parfois au contenu tout aussi discutable) attirent un très large public. Et ça m’intrigue. Ça questionne aussi ce qui fait le succès d’un spectacle aujourd’hui. Est-ce le titre accrocheur ? Le placement dans la ville ? Une vraie attente de légèreté ? En tout cas, je suis toujours curieuse de comprendre ce genre de phénomènes.

Enfin, une tendance qui me semble particulièrement forte - et positive - c’est le développement des comedy clubs. On en voit émerger de nouveaux chaque année, et avec un niveau de qualité de plus en plus élevé, notamment dans l'expérience client. Je trouve ça génial, surtout pour les artistes émergents. C’est un vrai terrain d’expérimentation, une façon de construire un lien direct avec le public, et surtout un espace où chacun peut faire entendre sa voix en plus d'être un gage d’une rémunération plus juste pour les artistes.

Quel regard portez-vous sur la manière dont les nouvelles technologies transforment la scène contemporaine ?

Je suis fascinée par la façon dont les nouvelles technologies rendent la scène contemporaine de plus en plus inclassable et Novabot de la compagnie Sevdim, incarne parfaitement cette mutation.
Issu d’une recherche de thèse, ce projet interroge la relation entre le corps et son image. Sur scène, un acteur équipé de dispositifs de captation (caméra portée, drone, dirigeable robotisé) voit chaque fragment de son corps scruté en direct. L’objectif ? “Ouvrir” le corps - montrer en temps réel l’impact de la langue sur le corps - et questionner ce que le théâtre révèle ou dissimule. C’est un spectacle pensé comme une expérimentation : entre montage théâtral, recherche scientifique et captation physiologique, un véritable laboratoire vivant, codirigé par des chercheurs en sciences du mouvement et en esthétique théâtrale.

Ce qui me touche, c’est que la technologie ne sert pas à impressionner, mais à révéler l’intime : la respiration, la structure même du jeu. Novabot montre que le numérique peut enrichir le spectacle vivant, non pas en le technicisant, mais en l’ouvrant à de nouvelles sensibilités. Un théâtre augmenté, dans le sens le plus éthique du terme - une exploration du corps et de l’écran, du visible et de l’invisible.
 

Quelle expérience de terrain à l’école de médiation culturelle ICART vous a permis de mieux comprendre les réalités du spectacle vivant ?

J’ai eu la chance d’effectuer mon stage chez Ticketac, une billetterie française spécialisée dans le spectacle vivant. C’était une expérience très concrète, en lien direct avec le public, les productions et les artistes. J’ai travaillé sur des missions liées à la relation clients, à la mise en avant de spectacles, à la gestion de la billetterie mais aussi à la mise en place de partenariats - notamment avec des théâtres, comedy clubs, et productions. Ce que j’ai le plus apprécié, c’est de pouvoir contribuer à donner de la visibilité à des spectacles parfois peu médiatisés, et d'observer en temps réel l’impact de notre travail sur la fréquentation.

C’était aussi un bon moyen de comprendre les enjeux économiques qui se cachent derrière un spectacle : politique tarifaire, remplissage, communication, positionnement… des aspects parfois sous-estimés mais essentiels à la vie du secteur. Une vraie immersion dans la réalité du spectacle vivant d’aujourd’hui, et une expérience qui a renforcé mon envie d’évoluer dans ce domaine.

Quels métiers vous attirent aujourd’hui ?

Les métiers qui m’attirent le plus aujourd’hui sont ceux en lien avec les relations publiques, la billetterie et les partenariats. J’aime profondément cet aspect de lien entre le public et le spectacle. Il y a quelque chose de très gratifiant dans le fait de rendre une œuvre visible, de créer des ponts entre les artistes et les spectateurs, les institutions et les partenaires.

Ce sont aussi des métiers très vivants, où l’on est en contact permanent avec les autres, où l’on doit comprendre à la fois les besoins du public et les enjeux des équipes artistiques. J’aime cette idée de faire partie d’un écosystème où chacun contribue à faire vivre un projet, à défendre une programmation, à accompagner un spectacle vers son public.

Et puis, pour moi, le spectacle vivant reste avant tout une expérience humaine - alors participer à son rayonnement, même hors scène, c’est déjà en faire pleinement partie.
 

 

Les recommandations culturelles de Manuelle

🎤 Une pièce incontournable ?

Le Cercle des poètes disparusde Tom Schulman

📍 Une salle de spectacle à (re)découvrir à Paris ?

L’Opéra Comique, Théâtre de la Renaissance, Comédie-Française, Théâtre Le Lido, Le Red Comedy. Paris regorge de magnifiques salles !

    💡 Une expérience originale à tester ?

    Aura Invalides

      👀 Un podcast ou un livre sur le spectacle vivant à conseiller ?

      Le livre Rue de la Gaîté d'Axel Auriant et Quelle comédie de la Comédie-Française sur YouTube et en podcast (il y a plein de pépites !)

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